Le marché de l’emploi dans l’immobilier traverse actuellement une période complexe, caractérisée par des dynamics contradictoires. D’un côté, nous observons une accélération des départs et une baisse d’intérêt des candidats potentiels. De l’autre, les entreprises maintiennent des intentions de recrutement élevées malgré les difficultés rencontrées. Cette situation paradoxale soulève de nombreuses questions sur l’avenir du secteur et les stratégies à adopter pour attirer et retenir les talents.
Un secteur en pleine mutation
La crise que traverse l’immobilier a des répercussions profondes sur l’emploi. Les chiffres de la dernière étude Recrutimmo sont révélateurs de cette situation :
- Une hausse significative des départs : dans tous les segments de l’immobilier, particulièrement marquée dans les agences et réseaux de mandataires.
- Une chute de près de 30% : du nombre de candidats intéressés par le secteur sur les 12 derniers mois.
- 82% des recruteurs : prévoient d’embaucher au moins un collaborateur dans l’année à venir.
- 90% des employeurs : continuent de rencontrer de sérieuses difficultés à recruter.
Ces données mettent en lumière un déséquilibre profond entre l’offre et la demande sur le marché de l’emploi immobilier. Les entreprises peinent à attirer les candidats alors même que leurs besoins en recrutement restent importants. Cette situation paradoxale s’explique en grande partie par un décalage entre les attentes des candidats et les propositions des employeurs.
Fort de mon expérience dans le secteur, je peux affirmer qu’il est crucial pour les entreprises de repenser leur approche du recrutement pour s’adapter à cette nouvelle donne. Cela implique une réflexion approfondie sur leur proposition de valeur et leur capacité à répondre aux aspirations des candidats.
Indicateurs clés | Chiffres |
---|---|
Baisse du nombre de candidats | -30% |
Employeurs souhaitant recruter | 82% |
Recruteurs rencontrant des difficultés | 90% |
Décrypter les attentes des candidats
Pour attirer les talents dans ce contexte tendu, il est essentiel de bien comprendre les motivations et les attentes des candidats. L’étude Recrutimmo apporte un éclairage intéressant sur ce point :
- 70% des candidats : accordent une grande importance aux valeurs de l’entreprise
- 69% recherchent une formation : leur permettant de réussir
- 68% souhaitent s’épanouir : personnellement et professionnellement
- La rémunération : arrive en 4ème position, citée par 62% des candidats
Ces chiffres démontrent clairement que les candidats ne sont pas uniquement motivés par l’aspect financier. Ils sont en quête de sens et d’épanouissement dans leur travail. Dans ma carrière, j’ai pu constater à maintes reprises l’importance croissante de ces facteurs dans les choix de carrière des professionnels de l’immobilier.
Il est donc crucial pour les entreprises du secteur de repenser leur proposition de valeur pour les candidats. Cela passe par une réflexion approfondie sur les valeurs de l’entreprise, les perspectives d’évolution offertes et les dispositifs de formation mis en place. L’importance accordée à la formation est particulièrement notable. Dans un secteur en constante évolution comme l’immobilier, offrir des programmes de formation solides est un véritable atout pour attirer et fidéliser les talents.
Le statut : un point de friction majeur
Un des enjeux majeurs dans le recrutement immobilier actuel concerne le statut proposé. L’étude révèle un véritable fossé sur cette question :
- 61% des entreprises : privilégient le statut d’indépendant, principalement pour des raisons de trésorerie
- 91% des candidats : ne souhaitent pas travailler dans l’immobilier en tant qu’indépendants
Ce décalage explique en grande partie les difficultés de recrutement rencontrées par de nombreuses entreprises du secteur. En effet, 61% des recruteurs se disputent seulement 9% des candidats potentiels ! C’est une situation que j’ai pu observer à de nombreuses reprises dans ma carrière de consultant.
Il est crucial d’adopter une approche plus ouverte et flexible sur la question du statut. Plutôt que de se cantonner au tout-indépendant, les entreprises auraient intérêt à proposer une palette de statuts pour s’adapter aux différents profils et attentes des candidats. Pour celles qui tiennent au statut d’indépendant, il est essentiel de mieux communiquer sur ses avantages et de proposer un accompagnement renforcé.
Repenser les canaux de recrutement
L’étude Recrutimmo met également en lumière un décalage important entre les canaux de recrutement privilégiés par les candidats et ceux utilisés par les employeurs :
- 80% des candidats : utilisent les jobboards spécialisés (Recrutimmo, Hello Work, Monster, France Travail, etc.)
- Moins de 20% des candidats : utilisent les réseaux sociaux personnels pour leur recherche d’emploi
- Près de 50% des recruteurs : privilégient le bouche-à-oreille et Facebook pour leurs recrutements
Ce décalage explique en grande partie pourquoi 68% des recruteurs estiment manquer de candidats. Ils ne sont tout simplement pas présents sur les canaux où se trouvent les candidats ! Au cours de ma carrière, j’ai pu constater l’importance cruciale d’une présence ciblée sur les bons canaux de recrutement.
Il est urgent pour les entreprises de l’immobilier de revoir leur stratégie de recrutement. Elles doivent impérativement investir les jobboards spécialisés et développer leur marque employeur sur ces plateformes. Il faut garder à l’esprit que 96% des candidats se renseignent sur l’entreprise avant de postuler, principalement via ces sites spécialisés. Ne pas y être présent, c’est se priver d’une visibilité cruciale auprès des candidats potentiels.
Canaux de recrutement | Utilisation par les candidats | Utilisation par les recruteurs |
---|---|---|
Jobboards spécialisés | 80% | <50% |
Réseaux sociaux personnels | <20% | ≈50% |
L’intégration et la formation : des enjeux cruciaux
Un autre point clé mis en lumière par l’étude concerne l’intégration et la formation des nouveaux collaborateurs. C’est un enjeu majeur, tant pour attirer les candidats que pour les fidéliser :
- 69% des candidats : attendent de leur entreprise une formation leur permettant de réussir
- 86% : ont cette même attente vis-à-vis de leur manager
- 55% des nouveaux collaborateurs : bénéficient d’une intégration ou d’une formation inférieure à une semaine
Ce manque d’accompagnement a des conséquences directes sur le turnover : 30% des nouveaux collaborateurs quittent l’entreprise dans les 3 mois suivant leur embauche. Au fil de ma carrière, j’ai pu constater à maintes reprises l’impact positif d’une intégration et d’une formation solides sur la rétention des talents.
Investir dans l’intégration et la formation des nouveaux collaborateurs est crucial pour réduire le turnover et améliorer la performance globale de l’entreprise. Cela demande du temps et des ressources, mais c’est un investissement rentable sur le long terme. Il est essentiel de mettre en place un véritable parcours d’intégration, comprenant une formation approfondie aux métiers et aux méthodes de l’entreprise.
La reconversion : une opportunité à saisir
L’immobilier est un secteur traditionnellement ouvert à la reconversion professionnelle. C’est une vraie force qu’il faut savoir exploiter dans le contexte actuel :
- 83% des professionnels : de l’immobilier ont eu une expérience dans un autre secteur avant de rejoindre l’immobilier
- 86% des recruteurs : sont ouverts aux profils en reconversion
- Près de 50% des candidats : postulant à des offres d’emploi dans l’immobilier sont en reconversion professionnelle
Cette ouverture à la reconversion est une véritable opportunité pour le secteur. Elle permet d’élargir le vivier de candidats potentiels et d’attirer des profils variés, porteurs de compétences et d’expériences enrichissantes. J’ai eu l’occasion d’accompagner de nombreux professionnels en reconversion vers l’immobilier, et j’ai pu constater la richesse que ces profils apportent au secteur.
Il est crucial pour les entreprises de l’immobilier de capitaliser sur cette ouverture. Cela implique de repenser les processus de recrutement pour mieux évaluer les soft skills et le potentiel des candidats, au-delà des seules compétences techniques. Il est également essentiel de mettre en place des parcours d’intégration et de formation adaptés à ces profils en reconversion.
Vers une approche stratégique du recrutement immobilier
Face aux défis actuels du recrutement dans l’immobilier, il est crucial d’adopter une approche plus stratégique et globale. Les entreprises doivent repenser en profondeur leur politique de ressources humaines pour attirer et fidéliser les talents.
Cela passe par une meilleure compréhension des attentes des candidats, une diversification des statuts proposés, une présence renforcée sur les canaux de recrutement pertinents, et un investissement accru dans l’intégration et la formation des collaborateurs. L’ouverture à la reconversion professionnelle est également un levier majeur à exploiter.
En adoptant cette approche plus stratégique, les entreprises de l’immobilier pourront non seulement surmonter les difficultés actuelles de recrutement, mais aussi se positionner comme des employeurs de choix sur le long terme. C’est un investissement nécessaire pour assurer la pérennité et la croissance du secteur dans les années à venir. Fort de mon expérience, je suis convaincu que les entreprises qui sauront s’adapter à ces nouveaux enjeux seront celles qui réussiront à tirer leur épingle du jeu dans un marché de l’emploi immobilier en pleine mutation.