L'obsession de la croissance favorise une économie du burn-out, alerte un expert de l'ONU

L’obsession de la croissance favorise une économie du burn-out, alerte un expert de l’ONU

La quête effrénée de la croissance économique semble avoir un coût caché pour notre société. Selon un rapport récent présenté par le rapporteur spécial de l’ONU sur les droits de l’Homme et l’extrême pauvreté, cette obsession pour le développement économique favoriserait l’émergence d’une « économie du burn-out ». Ce phénomène inquiétant touche particulièrement les populations les plus défavorisées, exacerbant les inégalités déjà existantes. Plongeons dans les détails de cette analyse qui remet en question nos modèles économiques actuels.

L’impact de la course à la croissance sur la santé mentale

L’obsession de notre société pour la croissance économique a des conséquences néfastes sur la santé mentale de la population mondiale. Selon l’Organisation mondiale de la Santé, près de 970 millions de personnes souffrent de problèmes de santé mentale à l’échelle planétaire. Cette situation alarmante est en partie attribuée à ce que le rapporteur de l’ONU qualifie de « croissancisme », une quête obsessionnelle de l’augmentation du PIB.

Dans mon analyse en tant qu’économiste, je constate que cette course effrénée à la performance crée un climat de compétition intense. Les travailleurs sont soumis à une pression constante pour atteindre des objectifs toujours plus élevés, ce qui génère :

  • Un sentiment d’anxiété lié au statut social
  • Une dépression chez ceux qui ne parviennent pas à répondre aux attentes irréalistes
  • Un stress chronique dû à la crainte de l’échec professionnel

Cette situation n’est pas sans rappeler les différences entre la macroéconomie et la microéconomie, où les décisions prises au niveau global ont des répercussions directes sur le bien-être individuel.

Le rapport de l’ONU souligne que ce phénomène touche particulièrement les populations les plus vulnérables. Les personnes en situation de précarité font face à une « charge mentale » accrue pour joindre les deux bouts, tout en subissant une stigmatisation sociale, surtout dans les sociétés où les inégalités sont marquées. Cette pression constante peut conduire à l’épuisement professionnel, communément appelé « burn-out ».

Les coûts économiques cachés de la crise de santé mentale

Au-delà de l’impact humain, cette crise de santé mentale a des répercussions économiques considérables. Le rapport présenté par Olivier De Schutter, rapporteur spécial de l’ONU, révèle que les troubles de la santé mentale entraînent des pertes estimées à mille milliards de dollars par an pour l’économie mondiale. La dépression est identifiée comme le principal facteur de mauvaise santé et d’invalidité.

En tant qu’économiste spécialisée dans le commerce et l’industrie, je peux affirmer que ces chiffres sont alarmants. Ils mettent en lumière un paradoxe frappant : notre quête de croissance économique finit par nuire à cette même croissance. Voici un aperçu des coûts associés à cette crise :

Type de coûtImpact économique
AbsentéismePerte de productivité directe
PrésentéismeBaisse de l’efficacité au travail
Frais de santéAugmentation des dépenses de santé publique
TurnoverCoûts de recrutement et de formation accrus

Il est crucial de noter que ces coûts ne sont pas répartis équitablement. Les populations les plus pauvres, déjà confrontées à des difficultés économiques, sont aussi celles qui ont le moins accès aux soins de santé mentale. Cette situation crée un cercle vicieux où la pauvreté alimente les problèmes de santé mentale, qui à leur tour exacerbent la précarité économique.

L'obsession de la croissance favorise une économie du burn-out, alerte un expert de l'ONU

Vers un nouveau paradigme économique

Face à ce constat alarmant, il est impératif de repenser notre approche de la croissance économique. Le rapport de l’ONU suggère qu’il est possible de sortir de ces engrenages néfastes, à condition d’accorder une plus grande importance au bien-être qu’à la simple quête de croissance du PIB.

En tant qu’analyste des tendances économiques, je propose plusieurs pistes de réflexion pour rompre ce cercle vicieux :

  1. Lutte contre les inégalités : Réduire les écarts de richesse pour atténuer la pression sociale et économique sur les plus vulnérables.
  2. Prise en compte des risques psychosociaux au travail : Encourager les entreprises à mettre en place des politiques de prévention du burn-out et de gestion du stress.
  3. Mise en place d’un revenu de base inconditionnel : Offrir un filet de sécurité financière pour réduire l’anxiété liée à la précarité économique.
  4. Investissement dans la santé mentale : Augmenter les ressources allouées aux traitements et à la prévention des troubles mentaux.

Il est impératif de souligner que ces mesures ne visent pas à abandonner toute ambition de croissance, mais plutôt à redéfinir ce que signifie une économie saine et prospère. En intégrant le bien-être mental comme indicateur de succès économique, nous pourrions créer un système plus résilient et durable.

Un appel à l’action pour une économie plus humaine

Le rapport de l’ONU sur « L’économie du burn-out » doit être perçu comme un signal d’alarme pour nos sociétés. Il met en lumière la nécessité urgente de repenser nos modèles économiques pour qu’ils servent véritablement le bien-être humain plutôt que de le sacrifier sur l’autel de la croissance à tout prix.

En tant qu’économiste, je suis convaincue que nous sommes à un tournant. La crise sanitaire mondiale de 2020 a déjà mis en évidence les failles de nos systèmes économiques et sociaux. Le moment est venu de saisir cette opportunité pour construire une économie plus résiliente, plus équitable et plus respectueuse de la santé mentale de tous.

Pour y parvenir, il faudra une collaboration étroite entre les gouvernements, les entreprises et la société civile. Des politiques publiques innovantes, combinées à une prise de conscience du secteur privé, peuvent ouvrir la voie à un nouveau paradigme économique. Un paradigme où la croissance ne serait plus une fin en soi, mais un moyen d’améliorer la qualité de vie de tous les citoyens.

En définitive, l’alerte lancée par l’expert de l’ONU nous rappelle que l’économie doit être au service de l’humain, et non l’inverse. C’est en plaçant le bien-être au cœur de nos objectifs économiques que nous pourrons construire une société plus saine, plus productive et ultimement, plus prospère.

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