La crise des assurances contre les émeutes en outre-mer frappe de plein fouet nos territoires ultramarins. C’est un sujet qui me tient particulièrement à cœur, ayant eu l’occasion de travailler avec de nombreux entrepreneurs locaux au fil des années. Leur situation actuelle est pour le moins préoccupante, et les conséquences économiques pourraient être désastreuses si rien n’est fait. Plongeons ensemble dans cette problématique complexe qui soulève des questions cruciales sur la gestion des risques en outre-mer.
Un désengagement massif des assureurs
Lors de mes récents échanges avec des chefs d’entreprise ultramarins, j’ai été frappé par l’ampleur du problème. Beaucoup se retrouvent aujourd’hui dans une situation extrêmement précaire, privés d’une couverture assurantielle essentielle. Le constat est alarmant : de grands groupes comme Allianz et Groupama ont décidé de ne plus couvrir le risque d’émeutes aux Antilles pour les entreprises. Generali, quant à elle, a cessé de souscrire de nouveaux contrats.
Cette décision des assureurs s’explique par la récurrence des événements violents dans ces territoires. Pour eux, il ne s’agit plus d’un aléa mais d’un risque prévisible, sortant ainsi du champ traditionnel de l’assurance. Les conséquences pour les entrepreneurs sont dramatiques. Je me souviens particulièrement des mots de Nicole Moreau, présidente de la CPME en Nouvelle-Calédonie : « Comment voulez-vous tenir une entreprise si vous n’avez plus ni assurance ni banque ? » En effet, sans couverture contre les émeutes, les banques deviennent plus réticentes à accorder des prêts ou à rééchelonner les dettes. C’est tout l’écosystème économique local qui se trouve menacé. 😟
Territoire | Situation assurantielle | Impact économique |
---|---|---|
Antilles | Allianz et Groupama ne couvrent plus le risque d’émeutes | Fragilisation du tissu entrepreneurial |
Nouvelle-Calédonie | Disparition de la garantie « émeutes et mouvements populaires« | Difficulté d’accès au crédit bancaire |
Les collectivités locales également touchées
Le problème ne se limite pas au secteur privé. Les collectivités locales, en métropole comme en outre-mer, font face à des difficultés similaires. Après les émeutes de 2023, de nombreuses municipalités se sont retrouvées dans l’impossibilité de s’assurer contre ce type de risque. Cette situation rappelle étrangement les défis rencontrés avec le risque climatique. Pour y faire face, un système a été mis en place : la Caisse centrale de réassurance (CCR), un organisme public qui apporte la garantie de l’État. Ce régime, dit « cat nat« , est financé par une taxe prélevée sur les contrats d’assurance.
Vous vous demandez peut-être : pourquoi ne pas étendre ce système aux émeutes ? C’est justement l’une des pistes actuellement à l’étude. Le Sénat a recommandé d’élargir le champ d’action de la CCR pour inclure ce risque. De son côté, l’Association des maires de France plaide pour étendre les garanties du dispositif Gareat (Gestion de l’assurance et de la réassurance des risques attentats et actes de terrorisme) aux violences urbaines. Des solutions existent, mais leur mise en place nécessite une volonté politique forte et une collaboration étroite entre les différents acteurs concernés.
Un enjeu crucial pour l’avenir des territoires ultramarins
J’ai eu l’occasion de discuter avec Céline Rose, présidente de la CPME Martinique, et son témoignage m’a particulièrement marqué. Elle m’a expliqué à quel point cette situation mettait en péril l’avenir même du tissu économique local. Sans solution financière pérenne, le risque est grand de voir les compagnies d’assurance se désengager totalement des territoires ultramarins. Ces régions sont déjà en première ligne face au dérèglement climatique et aux crises sociales et politiques. Un rapport de l’Inspection générale des finances de 2020 pointait déjà du doigt cette problématique, soulignant que « l’outre-mer peut faire peur aux assureurs, avec des marchés trop exigus aux caractéristiques particulières, au regard de risques considérés comme excessifs ».
La situation est tellement tendue que certains assureurs envisagent des actions en justice. Generali France a annoncé son intention d’attaquer l’État pour obtenir le remboursement des sommes versées à ses clients en Nouvelle-Calédonie, arguant que le maintien de l’ordre relevait de la responsabilité des pouvoirs publics. Une situation qui illustre bien la complexité du problème et l’urgence d’y apporter des solutions concrètes. 😔
Des pistes de solution à explorer
Face à cette crise, plusieurs options sont sur la table :
- L’extension du régime « cat nat » aux émeutes via la CCR
- L’élargissement du dispositif Gareat pour couvrir les violences urbaines
- La création d’un nouveau mécanisme de réassurance publique spécifique à l’outre-mer
- Le renforcement des mesures de prévention et de gestion des risques sur ces territoires
Chacune de ces solutions présente ses avantages et ses inconvénients, mais une chose est sûre : l’inaction n’est pas une option. L’avenir économique de nos territoires d’outre-mer en dépend. Il est temps d’agir, et vite !
Vers une refonte du système assurantiel en outre-mer ?
Cette crise des assurances contre les émeutes en outre-mer met en lumière la nécessité d’une réflexion profonde sur notre système assurantiel. Les territoires ultramarins, avec leurs spécificités et leurs défis uniques, ne peuvent plus se contenter d’un modèle calqué sur celui de la métropole. Il est temps d’innover, de repenser notre approche pour garantir la résilience économique de ces régions essentielles à la richesse et à la diversité de notre pays.
L’enjeu est de taille : il s’agit non seulement de protéger les entreprises et les collectivités, mais aussi de préserver l’attractivité économique de ces territoires. Sans une solution durable, c’est tout un pan de notre économie qui risque de s’effondrer. La balle est désormais dans le camp du gouvernement et des assureurs. J’espère sincèrement que les discussions en cours aboutiront rapidement à des mesures concrètes pour sécuriser l’avenir économique de nos compatriotes ultramarins. 🌴🇫🇷
En tant qu’économiste passionné par ces questions, je continuerai à suivre de près l’évolution de cette situation. Il en va de la survie économique de nos territoires d’outre-mer, mais aussi de l’équité et de la solidarité nationale. Nous ne pouvons pas laisser ces régions face à leurs difficultés. Il est temps d’agir, ensemble, pour construire un avenir plus serein et prospère pour tous nos concitoyens, où qu’ils se trouvent sur le territoire national.